Un tiers-lieu pour faire territoire
Horizon pluriel n°39 /
Entretien avec Céline Philippe, éducatrice spécialisée et coordonnatrice au sein de l’association La Soupape.
La Soupape est une association sociale et solidaire animée par des professionnels issus du milieu médico-social. Le projet ? Fonder un tiers-lieu sur le territoire de la presqu’île de Crozon-Aulne maritime. En cours de création, ce tiers-lieu a pour objectif l’accueil de personnes en fragilité, d’habitants et de visiteurs. La rencontre et le partage sont au coeur du projet afin de favoriser les échanges et les évolutions des représentations que l’on peut parfois avoir à propos « des autres ». C’est aussi un projet de territoire puisque l’équipe de la Soupape a souhaité élaborer ce tiers-lieu avec et pour le territoire. Panorama de cette réflexion en cours autour de trois enjeux.
Rejoindre la dynamique territoriale
Envisager l’installation d’un tiers-lieu sur un territoire nécessite, selon Céline Philippe, plusieurs préalables. Parmi eux :
- réaliser un diagnostic de territoire pour vérifier l’intérêt du projet, ses objectifs, et les ajuster au besoin ;
- présenter le projet et créer du lien avec les acteurs (associations, professionnels médico-sociaux, collectivités), les habitants et les visiteurs du territoire.
Ces démarches ont permis de préciser le projet de manière collective. « À travers le diagnostic, on a vu quels pouvaient être les partenaires, quelle place on pouvait prendre, quels liens on pouvait créer », précise Céline Philippe. La multiplicité des actions collectives sur la presqu’île a favorisé l’appropriation du projet par différents acteurs, permettant de débuter certains partenariats. Par exemple, l’équipe de la Soupape réfléchit avec le centre social pour l’accueil d’un public varié, parfois composé de personnes en fragilité.
Comprendre le territoire
Pour installer un tiers-lieu sur un territoire, il est essentiel de connaître ses spécificités et problématiques pour y envisager des réponses. Céline Philippe explique certaines particularités de la presqu’île de Crozon-Aulne maritime.
La géographie
La presqu’île est très étendue : sa traversée nécessite de nombreux kilomètres. Cette dimension complexifie la mobilité des habitants. Elle est à considérer pour l’accessibilité du futur tierslieu. Actuellement, l’équipe de la Soupape propose des solutions de covoiturage et de minibus, en partenariat avec le centre social, pour favoriser l’accès à ses activités qui se déroulent dans la presqu’île, en attendant l’ouverture du tiers-lieu.
Le périmètre administratif
Depuis 2017, le territoire de la presqu’île s’est étendu avec l’arrivée de trois communes : Le Faou, Rosnoën et Pont-de- Buis-lès-Quimerch. Cette particularité est aussi importante à étudier pour comprendre les spécificités de ces espaces à qui s’adresse également le projet de tiers-lieu, comme par exemple les habitudes de vie et de mobilité.
La réalité locale
Dresser un portrait de la « réalité locale » est également essentiel. Pour l’équipe de la Soupape, le territoire de la presqu’île de Crozon-Aulne maritime apparaît à la fois enclavé, rural, semi-urbain, littoral, jeune, âgé et touristique. Nommer et explorer les connexions entre ces particularités participe à la définition du futur tiers-lieu de la Soupape.
Cela nous amène à repenser ce qui fait territoire : c’est l’endroit où l’on est, que l’on y soit habitant, travailleur, de passage
Proposer une nouvelle économie
Le projet de La Soupape s’inscrit dans une démarche d’économie sociale et solidaire (ESS). Selon Le labo de l’ESS1, il s’agit d’une manière d’entreprendre qui « repose sur des valeurs et des principes d’utilité sociale, de coopération, d’ancrage local adapté aux nécessités de chaque territoire et de ses habitants ». Céline Philippe confirme les bénéfices de cette approche : « avec cette démarche, le projet ne peut qu’être connecté au territoire : ses spécificités, ses habitants et son environnement« .
Pour en savoir plus et suivre le projet :
www.lasoupape.org / association.lasoupape@lilo.org