Quel soutien de l’ARS à la promotion de la santé dans les lieux de santé ?

Horizon pluriel n°40 /

Entretien avec Anthony Le Bot, directeur adjoint prévention et promotion de la santé, et Marine Chauvet, directrice adjointe soins de proximité et formation, à l’ARS (agence régionale de santé) Bretagne.

Quelle est la vision de l’ARS Bretagne concernant les lieux de santé promoteurs de santé ?

C’est un défi majeur, qui implique une multiplicité d’acteurs et d’initiatives. En ce sens, l’ARS Bretagne souhaite travailler avec chacun des acteurs du système de santé pour créer et multiplier les lieux de santé dédiés à la promotion de la santé. L’ambition qui doit être portée par ces lieux est d’enrichir sa culture et sa pratique de soin d’une démarche et d’actions de promotion de la santé, à destination des patients, des professionnels et des personnes qui fréquentent ces lieux de santé.

Concernant les lieux de santé, cela implique un partenariat, non seulement avec les professionnels de santé, mais aussi avec des acteurs comme l’assurance maladie ou les collectivités territoriales. Dans une perspective élargie, cette dynamique s’inscrit dans différentes politiques publiques visant des lieux promoteurs de santé avec des initiatives telles que l’École promotrice de santé ou la Protection Judiciaire de la Jeunesse promotrice de santé qui contribuent également à diffuser les messages de promotion de la santé dans différents lieux de vie.

En matière de soins de proximité, la promotion de la santé repose aussi sur une organisation pluriprofessionnelle. Équipes de soins primaires, maisons et centres de santé pluriprofessionnelles, communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) ou encore dispositifs d’appui à la coordination (DAC) : l’ARS Bretagne soutient ces pratiques coordonnées, qui permettent d’améliorer le parcours des patients et leur prise en charge.

Enfin, on observe un intérêt croissant des professionnels de santé pour agir en promotion et prévention de la santé et notamment en ville avec des demandes de développement de compétences car la posture de la promotion/prévention est distincte de celle du soin.

Comment le soutien de l’ARS se met-il en place concrètement ?

Plusieurs leviers sont mobilisables :

  • des conseils, des formations ou un accompagnement méthodologique en soutien à la mise en œuvre du projet. Les professionnels ou structures nous contactent, bénéficient d’un premier accompagnement de nos équipes et nous les orientons vers les partenaires que nous finançons pour ces actions (Essort1, GECO LIB’2, Promotion Santé Bretagne…) ;
  • des appels à projets permettent d’accéder à des financements dédiés de l’ARS, dans le cadre de la mise en place d’actions de prévention et promotion de la santé ;
  • pour les hôpitaux, par exemple, des objectifs spécifiés, inscrits dans les CPOM (contrats pluriannuels d’objectifs et de moyens) leur permettent de s’engager sur ces thématiques.

Comment les acteurs et les dispositifs de cette démarche peuvent -ils s’articuler entre eux ?

L’approche territoriale est un bon espace de partage pour mener des projets en promotion de la santé.

Nous incitons les acteurs d’un même territoire à échanger sur leurs missions et projets respectifs, par exemple, les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) à travailler avec les dispositifs d’appui à la coordination (DAC), pour partager leur analyse du diagnostic territorial, identifier les thématiques de santé prioritaires pour la population, et élaborer les projets en conséquence. 

Les CPTS et DAC, s’ils n’ont pas le même rôle, partagent des objectifs communs. Notre ambition est de créer une articulation cohérente avec les lieux de santé et les lieux de santé promoteur de santé, pour éviter la dispersion et maximiser l’efficacité.

Le lien peut aussi être établi entre les CPTS et les contrats locaux de santé (CLS), générant une dynamique positive si les actions sont coordonnées et complémentaires. Cela crée un effet gagnant-gagnant.

Nous constatons également que de plus en plus d’hôpitaux s’engagent dans cette démarche. Leur objectif est non seulement de compléter les réponses apportées aux patients, mais aussi de développer des actions de prévention et de promotion de la santé à destination des professionnels de santé.

Ces initiatives incluent, par exemple, le repérage des facteurs de risque liés à la consommation de tabac et/ou d’alcool, ainsi que la mise en place de réponses adaptées pour encourager l’activité physique. Par ailleurs, une attention particulière est portée à la création d’environnements favorables à la santé.

C’est la mise en cohérence de l’ensemble de ces acteurs à l’échelle d’un territoire qui permet de faire naitre une ambition partagée de lieux promoteurs de santé. Le fait que les CPTS soient membres de la gouvernance des DAC, que les DAC participent aux travaux des CLS, qu’une représentation des professionnels de santé libéraux, des établissements hospitaliers et médico-sociaux participe à la gouvernance des CPTS et des DAC, devrait être aussi un élément facilitant.

"Le cheminement vers un lieu de santé promoteur de santé se fait progressivement. C’est en avançant étape par étape que l’on bâtit une démarche durable."

Quels conseils donneriez-vous aux structures qui souhaitent se lancer dans la démarche ? Par où commencer ?

Un exemple, le dispositif « lieu de santé sans tabac » constitue une première brique intéressante et qui a du sens dans la démarche de promotion de la santé. Cette initiative permet d’avoir un impact significatif sur tous les publics : salariés, patients, proches, et même la communauté environnante grâce à une communication adaptée. D’autant plus qu’il s’agit là d’une démarche concrète, documentée avec des réalisations probantes en Bretagne engageant notamment des lieux de santé sans tabac ainsi que des instituts/facultés sans tabac.

Le cheminement vers un lieu de santé promoteur de santé se fait progressivement. On ne peut pas tout aborder en même temps : mobilité, alimentation, santé-environnement, lutte contre le tabac… C’est en avançant étape par étape que l’on bâtit une démarche durable. Le virage a été pris en matière de promotion de la santé et les acteurs qui s’en saisissent y vont avec la conviction d’agir sur la qualité de vie des patients, des personnels et de l’ensemble de la communauté.

1ESSORT : Equipes de Soins et ORganisation Territoriale – https://essort.fr/

2GECO LIB’ : association régionale « Groupes en Exercice COordonné LIBéraux »

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