Le réseau français « Lieu de santé promoteur de santé »

Horizon pluriel n°40 /

Le réseau « Lieu de santé promoteur de santé »1 est la branche française du réseau international des hôpitaux et structures de santé promoteurs de santé, créé par l’organisation mondiale de la santé (OMS). Il est coordonné par le RESPADD2 (réseau de prévention des addictions) avec le soutien de Santé publique France, l’agence nationale de santé publique.

Rencontre avec Nicolas Bonnet, directeur du RESPADD (Réseau de prévention des addiction).

Qu’est-ce qu’un Lieu de santé, promoteur de santé ?

Un « Lieu de santé promoteur de santé » enrichit sa culture et ses pratiques de soins en intégrant des actions de promotion de la santé à destination des professionnel·le·s de santé, de la relation d’aide, des bénéficiaires de soins et de leurs proches. Il s’adresse également à la communauté environnante. « L’objectif est d’intégrer pleinement la promotion de la santé dans la mission de l’établissement, à travers ses valeurs, son organisation et des interventions qui renforcent la santé et le bien-être », précise Nicolas Bonnet. Cette approche se fonde sur quatre axes : les usagers, les professionnel·le·s de santé et de la relation d’aide, la communauté et l’environnement. Elle constitue une stratégie globale visant à améliorer la santé, notamment par des actions d’éducation, la création de partenariats pour assurer la continuité des soins, et des initiatives visant à améliorer les conditions de travail.

Le réseau : un appui à la structuration

Aujourd’hui, le réseau international compte 600 membres actifs dans 30 pays. En France, une quarantaine d’hôpitaux sont engagés dans la démarche Lieu de santé promoteur de santé.

Le réseau met à disposition des établissements des outils, des standards, des ressources grâce à un site Internet dédié, mais aussi des journées de colloque, pour soutenir cette démarche. Des groupes de travail thématiques permettent également aux acteurs de se rencontrer et de partager les bonnes pratiques.

Bien que de nombreuses actions de promotion de la santé soient déjà menées dans les établissements, celles-ci sont souvent mal identifiées comme telles. « Entre les actions de prévention, de dépistage, de séances d’information, ou d’initiatives telles que l’aménagement d’un jardin potager ou encore l’introduction d’un menu bio hebdomadaire… Finalement, l’ingrédient pour intégrer la démarche réside souvent surtout dans la coordination et la structuration », explique Nicolas Bonnet.

Le réseau propose ainsi des outils pour mieux identifier et valoriser ces initiatives en tant qu’actions de promotion de la santé. L’adhésion à cette démarche nécessite l’implication active des instances dirigeantes, tant au niveau régional qu’au sein des établissements. « Certaines régions, comme la Nouvelle-Aquitaine, sont historiquement plus investies grâce à l’engagement de leurs dirigeants », souligne Nicolas Bonnet. « Pour convaincre les directions d’établissement, il est souvent pertinent de montrer l’impact des actions sur la satisfaction des usagers ou la réduction du turnover par exemple », ajoute-t-il.

« Lieu de santé sans tabac » : un levier de mise en oeuvre

L’adoption de la stratégie « Lieu de santé sans tabac » constitue souvent un bon moyen pour engager un établissement dans la démarche de promotion de la santé. « La promotion de la santé peut susciter des appréhensions. On se demande : de quoi s’agit-il exactement ? Comment s’y prendre ? Faut-il créer un comité, mettre en place des groupes de travail ? Quelle stratégie adopter ? Le modèle du « Lieu de santé sans tabac  » est facilement adaptable », explique notre interlocuteur. Les compétences acquises au travers de ces initiatives peuvent servir de tremplin pour lancer d’autres actions de promotion de la santé. « De plus, la prévention du tabagisme permet souvent
de mobiliser les équipes et d’obtenir des financements » poursuit Nicolas Bonnet.

Quelles perspectives ?

Le réseau travaille actuellement, en partenariat avec le CHU (centre hospitalier universitaire) de Bordeaux, à la mise en place d’un processus de certification basé sur sept standards et des indicateurs spécifiques. Cette certification permettra aux établissements de structurer et d’évaluer leurs actions. « Notre souhait est d’amener des indicateurs objectivables qui permettent de faire progresser cette politique de promotion de la santé. Cette certification offrira une reconnaissance précieuse, utile pour les plaidoyers, qui valorisera la qualité des initiatives mises en
œuvre », précise Nicolas Bonnet.

Au-delà des actions concrètes, la démarche Lieu de santé promoteur de santé contribue à l’évolution indispensable des systèmes de soins, déjà mentionnée par la première conférence internationale sur la promotion de la santé, en 1986, avec la charte d’Ottawa. « Si le réseau reste encore fortement ancré dans le monde hospitalier, il milite pour une évolution qui permettra de fédérer l’ensemble des acteurs de la santé », conclut Nicolas Bonnet.

"Le modèle du "Lieu de santé sans tabac " est facilement adaptable. Les compétences acquises au travers de ces initiatives peuvent servir de tremplin pour lancer d'autres actions de promotion de la santé."

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