Le pays Centre Ouest Bretagne (COB) : un et multiple

Horizon pluriel n°39 /

Entrevue avec Jean-Pierre Hémon, référent santé du pays Centre Ouest Bretagne (COB) et président de la commission santé du Conseil de développement (CoDev) du Pays COB et Daniel Caillarec, délégué général du CoDev du pays COB.

Engagé de longue date dans le territoire Centre Ouest Bretagne, pouvez-vous nous en dresser un portrait ?

Le pays Centre Ouest Bretagne (COB) est composé de 5 établissements publics de coopération intercommunale (EPCI), ce qui représente 78 communes réparties dans les départements des Côtes d’Armor, du Finistère et du Morbihan. Il regroupe un peu plus de 80 000 habitants. Le territoire est rural, voir hyper rural, avec une « ville-centre » (Carhaix) de 7 000 habitants et des activités essentiellement agricoles et agroalimentaires. Le pays COB a été classé par la région comme étant le territoire le moins riche de la Bretagne. C’est toujours gênant de souligner cette réalité, mais c’est indispensable de l’évoquer, notamment pour soutenir des projets, tel que l’aménagement du territoire.

Le pays Centre Ouest Bretagne s’étend sur une superposition de territoires (départements, EPCI, communes…), quels sont les enjeux au quotidien ?

Appréhender le territoire administratif du pays COB est un défi. Cette complexité a plusieurs impacts. Certains sont très concrets dans notre quotidien telle que la multiplication de nos interlocuteurs au CoDev et au pays COB. D’autres sont moins palpables. Par exemple, les trois départements du pays COB ont chacun leur histoire et leur identité, et cela se ressent dans les esprits des habitants. Le pays COB se distingue également par l’unité et la solidarité créées autour de sujets communs. On peut citer la langue bretonne ou encore les problématiques liées à l’accès au soin.

 Comme tout territoire, le pays COB est aussi partie prenante de niveaux plus grands que lui : départemental, régional et national. Il nous semble primordial que toute échelle de pouvoir politique soit connectée aux réalités locales des territoires. Par exemple, nous sommes l’un des premiers touchés par les difficultés d’accès au soin et cet accès est en régression depuis 20 ans. Ce problème ne concerne pas que notre territoire, mais c’est une question d’équilibre, d’égalité et de solidarité à l’échelle d’une région comme la Bretagne. Les recommandations régionales sont parfois hors sujet pour les appliquer à notre territoire. Par exemple, sur la thématique de la santé-environnement, il est recommandé de végétaliser les cours d’école. Cette recommandation nous apparaît davantage comme une préoccupation urbaine que comme une priorité locale, car nos cours d’école sont déjà bien végétalisées.

Il nous semble primordial que toute échelle de pouvoir politique soit connectée aux réalités locales des territoires.

En quoi est-ce que le CoDev participe au territoire ?

Le Conseil de développement est une structure qui participe à la démocratie principalement à l’échelle locale, mais aussi régionale et nationale. Son principe d’action repose sur une représentation consultative et sur la formulation de recommandations portant sur des sujets qui concernent la population, telle que la santé. 

La particularité de notre CoDev est d’aller un peu plus loin que des formulations d’avis : nous intervenons aussi dans l’opérationnel des projets. Par exemple, le CoDev a activement contribué à la mise en place du contrat local de santé (CLS) du territoire, en plaidant en sa faveur auprès des élus. Il fait partie des 10 signataires du CLS. 

Ce travail de lien entre les besoins du territoire « vécu » et le plaidoyer auprès des élus est de longue haleine. Il nous demande d’être connus et reconnus, mais il est essentiel. Au CoDev, nous n’avons pas les mêmes freins, les mêmes enjeux électoraux et les mêmes échéances que les élus, mais pourtant, nous partageons des préoccupations identiques telles que la santé des habitants.

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