La compétition versus l’épanouissement en club sportif

Horizon pluriel n°37 /

Gérard Guingouain, président du Comité Sport Santé, Fédération Française de Tir à l’Arc

Le sport est un facteur reconnu de santé et il y a mille façons de pratiquer. La pratique en club en est une. Les clubs sportifs accueillent des millions de pratiquants qui ne sont pas tous des compétiteurs. Dirigés par des bénévoles investis localement, ils sont présents partout et forment un maillage territorial quasi complet.

Focus sur la Fédération Française de Tir à l’Arc (FFTA)

La FFTA accueille 75 000 licenciés dans 1 630 clubs en France. Les pratiquants dits « loisir », représentent les 2/3 de ces licenciés. Le fait de ne pas faire de compétition ne veut pas dire qu’ils ne se comparent pas, qu’ils ne se lancent pas des challenges. Ces challenges alimentent bien sûr la motivation et la convivialité. Cela veut surtout dire que la première des motivations de leur pratique régulière est l’activité elle-même. Ce club représente plus que la pratique sportive. Lorsqu’on adhère à un club, on intègre une association, une communauté fédérée autour d’un projet commun. La fonction socialisante du club est essentielle dans la perspective du sport comme facteur de santé et de bien-être. On y apprend les bons gestes, les règles, à se connaître soi et l’autre. On y rencontre des personnes que l’on n’aurait pas imaginé rencontrer (milieux, âges différents).

Un sport individuel, des clubs collectifs

Le tir à l’arc, pratiqué au niveau olympique, est une discipline très exigeante. Mais c’est aussi un sport très accessible, on y arrive très vite à des résultats acceptables. Les clubs de tir à l’arc ont un atout, celui d’une pratique ordinaire intergénérationnelle. Si les grands championnats sont organisés séparément selon les catégories d’âge, toutes les activités amicales ou de compétitions ordinaires regroupent hommes et femmes, jeunes et vieux, experts et débutants, sans distinction. Il est aussi de tradition, dans ce sport très ancien, que si les champions sont honorés, les moins bons ne sont jamais méprisés, rabaissés. C’est une valeur du sport en général, plus forte encore dans des sports traditionnels comme le nôtre. Nos clubs, souvent de taille modeste (une moyenne nationale de 50 adhérents environ), permettent un accueil très personnalisé, quasi familial.

Le sport est un facteur
reconnu de santé et il y a
mille façons de pratiquer.

Le sport sur ordonnance

Cela fait bien longtemps que les compagnies et clubs de tir à l’arc accueillent en leur sein des personnes en situation de handicap ou atteintes d’affections de longue durée, parce que la discipline le permet, y compris au sein des compétitions fédérales dominicales. La loi de modernisation de notre système de santé de 20161 a ouvert la possibilité du sport sur ordonnance. La FFTA est l’une des 22 premières fédérations habilitées à certifier, après une formation spécifique, ses animateurs sportifs pour l’accueil du « sport sur ordonnance ». D’ores et déjà quelques clubs en France accueillent de la sorte des personnes atteintes d’affection de longue durée, en particulier des femmes ayant eu un cancer du sein. Cette reprise d’activité a un réel effet sur l’état physique de ces femmes, mais surtout, un effet psychologique en termes d’image de soi retrouvée et d’une forme de resocialisation au sein d’un collectif accueillant.

Former au sport santé

La FFTA, comme toute fédération sportive délégataire, s’intéresse au sport de haut niveau et a pour mission de produire des champions à partir de la masse de ses adhérents. La loi de 20162 n’a certes rien inventé, à propos des bienfaits de l’activité sportive, mais elle a permis de mettre l’accent sur le rôle du sport dans la santé en général. Cette loi nous a conduit à nous interroger sur le « sport santé » en amont de l’accompagnement ou d’un complément à la prise en charge médicale des affections de longue durée. C’est ainsi que le Comité Sport Santé de la FFTA a construit la première partie de sa formation des animateurs sportifs volontaires autour de la notion de « sport-bien-être », d’une activité physique et sportive qui s’engage dans la lutte contre la sédentarité et propose un environnement social qui favorise le bien être. L’intérêt étant de proposer, toujours au sein du club, une organisation, une activité où chacun puisse s’exprimer au niveau et de la façon qui lui plaise.

1 Loi n°2016-41 du 26 janvier 2016 (art 144).

Décret n°2016-1990 du 30 décembre 2016 relatif aux conditions de dispensation de l’activité physique adaptée prescrite par le médecin traitant à des patients atteints d’affection de longue durée.

HORIZON PLURIEL – N°37 – FÉVRIER 2022