Comment les professionnels de santé se forment-ils à la santé-environnement ?
Horizon pluriel n°38 /
Les professionnels de santé sont de plus en plus amenés à prendre en compte les enjeux de santé-environnement. Celle-ci doit s’intégrer à leur formation initiale et notamment au service sanitaire. Comment les formateurs et les étudiants s’approprient-ils le sujet ? Quels sont les ressources disponibles en Bretagne pour enseigner la santé-environnement ? Parlons-en avec une formatrice et une étudiante.
Enseigner la santé-environnement
Entretien avec Marina Drean, formatrice à l’institut de formation des professionnels de santé (IFPS) de Pontivy
La santé-environnement est un nouveau sujet, comment vous l’appropriez-vous ?
Au début, c’était un sujet compliqué à intégrer : des nouvelles notions et des parallèles à créer avec d’autres cours. Ça demande du temps, mais, petit à petit, l’appropriation se fait. Il n’y a pas eu de formations en tant que telles destinées aux formateurs.
Je suis le relai entre l’agence régionale de santé (ARS) Bretagne et l’IFPS et je participe à un groupe de travail sur la santé-environnement. Cette activité me permet de me familiariser avec cette thématique et facilite la transmission, que ce soit pour la création de contenus pédagogiques ou pour informer et accompagner mes collègues sur ce sujet.
Comment la santé-environnement est-elle intégrée aux enseignements de l’IFPS de Pontivy ?
Selon les niveaux, cet enseignement prend plusieurs formes. Par exemple, la santé-environnement s’intègre à une activité de formation de l’unité d’enseignement « soins infirmiers et gestion des risques » pour les étudiants infirmiers de 1ère année. On y fait un module introductif sur « qu’est-ce que c’est la santé environnement » à l’aide des vidéos et outils pédagogiques disponibles sur le site du plan régional santé environnement Bretagne1.
Cet enseignement s’inscrit dans une démarche de promotion de la santé tout en restant connecté à la gestion des risques liés au métier d’infirmier. C’est un équilibre à trouver pour permettre aux étudiants d’être ensuite capables d’accompagner les personnes avec qui ils travailleront.
Y-a-t-il des opportunités de spécialisation sur le sujet ?
C’est encore trop tôt pour le dire. Certains étudiants infirmiers pourront explorer davantage ce sujet s’ils s’orientent vers un master de santé publique.
Néanmoins, on observe que cette thématique suscite de l’intérêt et du débat lorsqu’on l’introduit en cours, notamment avec des outils tels que la vidéo ou le serious game.
C’est un sujet qui intéresse car ce qu’on y apprend nous concerne professionnellement, mais aussi personnellement, comme par exemple les produits chimiques que l’on utilise ou la qualité de notre air intérieur.
Étudier la santé-environnement
Entretien avec Armelle, élève aide-soignante à l’IFPS de Pontivy
Quel est votre apprentissage de la santé-environnement ?
Cette année, nous avons reçu pour la première fois dans le cursus aide-soignant un enseignement de 2 h sur la santé-environnement. J’ai été à la fois très intéressée et surprise par le contenu de ce cours. Très intéressée car cela m’a permis de comprendre et de donner du sens aux informations diffusées en direction du grand public que j’avais pu entendre. Et surprise car la notion de « santé-environnement » m’apparaissait éloignée du quotidien d’aide-soignant.
Pourtant, à travers ce cours, j’ai pu créer des liens entre la santé-environnement et la santé, le domicile, qui est l’un de nos espaces d’intervention, et le quotidien. D’ailleurs, on a vraiment été interpellé par les notions de « qualité de l’air intérieur ».
Les méthodes pédagogiques qui nous ont été proposées ont facilité notre apprentissage. Nous avons notamment participé à un serious game qui est une activité numérique durant laquelle nous sommes mis en situation. C’est une technique très intéressante car on intègre les notions étape par étape. Ça nous donne des clefs pour parler ensuite de ce sujet avec nos publics.
Comment envisagez-vous la santé-environnement dans votre futur métier ?
À plusieurs niveaux. S’approprier cette thématique est un plus. On s’outille pour faire du lien entre des risques très concrets issus de l’environnement (tels que les produits chimiques, les appareils de chauffage, l’humidité, la présence d’allergènes…) et la santé. On apprend aussi à conceptualiser ces risques dans un cadre plus global : le quotidien, autant à travers les situations vécues par nos publics que les conditions d’accueil de la structure dans laquelle nous travaillons. C’est un sujet transversal.